Vulnérabilité traumatique :

La vulnérabilité traumatique tiendrait compte de plusieurs facteurs chez un sujet :

Le manque de préparation par l’angoisse:

l’attente d’un danger aurait une grande valeur protectrice ; un progrès important dans l’autoprotection individuelle est accompli lorsque l’individu prévoit une telle situation traumatique et s’y attend, au lieu d’attendre passivement sa survenue, «alors que l’effet de surprise favorise l’effraction traumatique et ses conséquences désorganisantes. Du fait d’un investissement trop bas, les systèmes ne sont pas bien en état de lier les sommes d’excitations qui arrivent de l’extérieur et les conséquences de l’effraction se produisent d’autant plus facilement. Nous voyons ici que la préparation avec son surinvestissement des systèmes récepteurs représente la dernière ligne de défense du pare-excitation. Pour l’usage d’un grand nombre de traumatismes, le facteur décisif serait la différence entre systèmes non préparé et systèmes préparés par surinvestissement des systèmes ; à partir d’une certaine force de traumatisme, ce facteur cesse, il est vrai de compter » (Freud, 1920)

Cette dernière remarque de Freud nous permet de comprendre que dans certaines situations, l’évènement traumatique peut être ressenti d’une façon tellement catastrophique que l’angoisse ne pourrait pas jouer son rôle protecteur.La faiblesse du filtre entre le sujet et le monde extérieur, faiblesse responsable d’une hypersensibilité et d’une vulnérabilité aux excitations, peut s’accompagner d’une insuffisance des capacités de liaison interne de l’excitation.

Des carences narcissiques précoces: la réactivité traumatique dépend en effet de l’assise narcissique (=base de la construction identitaire) du sujet et de sa solidité. Cette idée se conçoit en considérant que la défaillance narcissique compromet l’intrication de la pulsion de mort par la pulsion de vie qui s’opère à l’intérieur du noyau masochique primaire qui est également le noyau primaire du Moi : rappelons que le narcissisme primaire fait partie intégrante du masochisme primaire : si nous supposons une faille du narcissisme primaire, cela veut dire en même temps qu’il existe une faille du masochisme primaire (= intrication pulsion de vie+pulsion de mort= modalité défensive dont le Moi archaïque dispose pour parer à la menace) et cela correspond à une relative non intrication de la pulsion de mort.

Dès lors, les évènements de la vie difficiles, peuvent mettre à l’épreuve ce narcissisme vacillant et ainsi déstabiliser encore plus le noyau masochique primaire du moi, c’est-à-dire désintriquer (la pulsion de vie est intriquée liée à la pulsion de mort), libérer la pulsion de mort (=tend au retour à l’état inanimé)

La qualité du préconscient: le préconscient est ce réservoir de mots, de souvenirs, d’idées, aptes à devenir conscients. Si le préconscient a une épaisseur suffisante, s’il est riche en représentations et en affects, si son fonctionnement est souple et régulier, il peut plus facilement organiser des défenses adéquates contre les traumatismes.

L’isolement : l’appartenance à des réseaux, l’intégration et les supports sociaux jouent un rôle tampon, réducteur de la morbidité

Les traumatismes cumulatifs: nous avons vu l’importance de la dimension économique  du traumatisme, c’est-à-dire les forces en présence ; le traumatisme étant une quantité d’excitation telle, que cela ferait effraction au système pare-excitation. Mais cette force excessive peut se cumuler et atteindre un niveau tout aussi intolérable pour le sujet, ce sont les traumatismes cumulatifs (Kahn, Le Soi caché). L’état de détresse résulte ici de l’accumulation tensionnelle suite à l’exposition de situations répétitives et prolongées de microtraumatismes insidieux, ce qui donne lieu à une blessure narcissique profonde.