Objectif du Surmoi : humaniser l'homme

Le surmoi est l’une des trois instances de l’appareil psychique de la seconde topique de Freud (ça-moi-surmoi), son rôle est celui d’un juge à l’égard du moi ; il se construit d’abord par identification au Surmoi des parents et ensuite par intériorisation des interdictions.

Le Surmoi a une valeur transgénérationnelle et sociale : « c’est ainsi que le Surmoi des enfants ne s’édifie pas, en fait, d’après le modèle des parents, mais d’après le Surmoi parental : il se remplit du même contenu, il devient porteur de la tradition, de toutes les valeurs à l’épreuve du temps qui se sont perpétuées de cette manière, de génération en génération » (Freud, la décomposition de la vie psychique) Porteur de la tradition, le Surmoi devient porteur de « tout l’héritage phylogénétique et de tout l’héritage du passé »

Transmetteur de la culture, le Surmoi rend compte de la répression pulsionnelle exigée par la vie sociale et la civilisation. Lorsque Freud se demande en effet par quel moyen la civilisation parvient-elle à inhiber l’agressivité de l’homme pour la rendre inoffensive, il apparaît que :

« L’agressivité se trouve introjectée, intériorisée, mais en fait renvoyée là d’où elle est venue, donc tournée vers le propre Moi. Elle y est prise en charge par une part du Moi qui s’oppose au reste sous la forme du Surmoi et dès lors en tant que « conscience morale », exerce contre le Moi la même sévère disposition à l’agressivité que le Moi aurait volontiers satisfaite aux dépens d’autres individus, autre que lui. La tension entre le Surmoi rigoureux et le Moi qui lui est soumis, nous l’appelons conscience de la culpabilité ; elle se manifeste comme besoin de punition. La civilisation maîtrise donc la dangereuse agressivité de l’individu en affaiblissant celui-ci, en le désarmant et en le faisant surveiller par une instance à l’intérieur de lui, comme une force d’occupation dans une ville conquise. » Freud, in Malaise dans la civilisation

Ainsi nous saisissons que l’enfant ne peut sortir de la phase narcissique du développement ; phase de toute-puissance infantile que s’il rencontre un Surmoi parental suffisamment solide et nous constatons aujourd’hui qu’il est bien souvent défaillant voire inexistant ; les interdits étant souvent qualifiés d’un retour à un temps révolu. N’ayant pas intériorisés eux-mêmes les règles morales et les interdits fondamentaux, beaucoup de parents sont incapables de tenir une position structurante pour l’enfant, en tenant un interdit.

Le résultat en est le défaut de l’intériorisation de cette loi primordiale, cette loi qui permet de créer de « l’humanitude» (Ruth Menahem), c’est-à-dire une façon de se comporter, une forme possible du devenir de chaque individu lorsqu’il se montre altruiste et sociable, maîtrisé et empathique, digne et respectueux, en un mot : civilisé.