Le passage à l'acte addictif :

 

Les conduites addictives, caractérisées par des agirs immédiats, voués à la répétition, sont le résultat de défaillances de la psyché pour élaborer le conflit : acting-out directs, sans remémoration ni élaboration psychique, elles correspondent à des autoérotismes particuliers et se substituent au fantasme en réalisant un plaisir de fonctionnement qui adhère au besoin.

La décharge dans l'agir est un mode particulier de défense qui permet au sujet de maintenir un équilibre psychique dès lors qu'il se sent menacé : "c'est l'enfant qui, dans la détresse la plus totale, ne se rend pas au néant, à la pulsion de mort, mais sort du berceau pour chercher lui-même quelque chose à avaler ou à boire" (Joyce McDougall, Nouvelle revue de psychanalyse, n°29, 1984).

Le passage à l'acte addictif s’inscrit dans une logique de réduction de la souffrance: "une mesure pour s'étourdir" nous dit Freud, il représente une décharge, mais aussi un pouvoir antisymbolisation, une coupure avec l’élaboration psychique et la subjectivité.
En effet, se débarrasser de ses affects, tel sera l’objectif de la conduite addictive.

L’alexithymie (a=privatif ; lexis= mot ; tyhmos=humeur) est en effet régulièrement constatée chez des personnes en addiction. Sifnéos, l’inventeur de cette notion, la définit comme un déficit de l’affect: « une vie fantasmatique pauvre avec comme résultat une forme de pensée utilitaire, une tendance à utiliser l’action pour éviter les conflits et les situations stressantes, une restriction marquée dans l’expression des émotions et particulièrement une difficulté à trouver les mots pour décrire ses sentiments »

L'acte addictif s'exprime surtout par une "recherche de sensation" visant principalement à contre-investir toute représentation de la pulsion.

Les travaux de M.Zuckerman en 1972, lui ont permis de postuler l’idée que les personnes avides de sensations ont un taux peu élevé d’activation catécholaminergique lorsqu’elles ne sont pas stimulées et qu’elles vont donc rechercher de façon plus ou moins compulsive des substances ou des comportements capables d’augmenter cette activité neurobiologique.

Jouant le rôle d'un "procédé-autocalmant" (Smadja, Szwec), l'addiction convoque l'excitation afin de lutter contre le vide affectif et une "dépression blanche" (P.Marty)